Le Messager (édition Chablais), Thonon-les-Bains, 29.03.07
CERVENS – Dans «L’affaire Tournesol», Tintin et les autres personnages parlent arpitan…
A l’initiative de l’Aliance Culturèla Arpitana et à l’occasion du centenaire de la naissance d’Hergé, «L’affaire Tournesol» a été traduite en arpitan et présentée samedi 24 mars à la bibliothèque.
Parlez-vous arpitan, ou plutôt francoprovençal ? Grâce à la traduction du linguiste Dominique Stich, Tintin, lui, manie couramment cette langue que vous appelez votre patois. Le francoprovençal, notre patois ? vous interrogez-vous. Cette langue réunit en effet le savoyard, le lyonnais, le valdôtain ou encore le vaudois, à l’intérieur d’un quadrilatère Ronanne-Neuchâtel-Aoste-Saint-Etienne. Elle est parlée en France, en Italie et en Suisse romande. Avec des accents et des subtilités régionales, évidemment. Pour les illustrer, chaque personnage s’est vu attribuer un patois précis, et soyons un peu chauvin, Tintin est le Savoyard !
Mais pour la traduction, il a fallu trouver une orthographe commune, «qui concilie l’unité de la langue et les variétés dialectales», explique Dominique Stich. En d’autres termes, il fallait créer une orthographe non-phonétique, qui puisse être lue par tous, même si elle implique des prononciations différentes. Ce qu’ont fait avant nous les Bretons ou les Catalans.
Parmi les tintinophiles présents ce jour-là, Marc Bron, président de l’Association des enseignants de savoyard, a lui-même traduit une des aventures de Fanfoué et connaît les difficultés de la traduction : «Le plus dur, c’est d’arriver à restituer dans une autre langue les jeux de mots, les tournures d’esprit. Il faut parfois perdre sa première langue de vue pour se retrouver sans mot, ressentir et ré-exprimer.»
Mais pourquoi parmi tous les albums de Tintin, traduire L’affaire Tournesol ? Parce qu’elle se déroule principalement sur les bords du lac Léman et que Tintin passe même très précisément à 5,2 km de Cervens, comme l’atteste la fameuse borne kilométrique de la page 33. Le titre L’afére Pecârd, préféré à «L’afére Vira-Solely», a été choisi en référence à Auguste Piccard, inventeur vaudois du bathyscaphe qui inspira Hergé pour le personnage de Tournesol.
Jusqu’en 2008, l’association Arpitania a l’exclusivité de la promotion de l’album, mais en dehors du système des librairies. Vous pourrez donc trouver votre «Afére Pecârd» sur le site Internet http://tintin.arpitania.eu ou sur des salons comme celui du livre de Ripaille.