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 Kokopelli : Lettre ouverte par Jean-Pierre Berlan

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Cyrano
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MessageSujet: Kokopelli : Lettre ouverte par Jean-Pierre Berlan   Kokopelli : Lettre ouverte par Jean-Pierre Berlan EmptyJeu 18 Mai 2006 - 10:24

Lettre ouverte aux agriculteurs progressistes qui s’ apprêtent à semer du maïs transgénique, par
Jean-Pierre Berlan.

http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_news.cgi?id_news=71

Les semences conventionnelles de “variétés hybrides” de maïs coûtent environ 150 euros/ha. Les
semences transgéniques coûtent sans doute plus cher à moins que, comme Innovateur chargé d’ouvrir
la voie au Progrès, vous ne bénéficiiez de conditions spéciales qui, de toute façon, ne dureront
pas. Bref, le coût des semences à l’hectare représente l’équivalent de 15 à 18 voire même dans
certains cas, 20 quintaux de production. Vous semez environ 15 kilogramme à l’hectare. Un quintal
de semences “hybrides” de maïs coûte plus de 1.000 euros, alors que le quintal de maïs grain tourne
autour de 9 euros.

Un quintal de semences de maïs “hybride” vaut donc 100 fois plus cher qu’un quintal de maïs grain.
Si vous pouviez semer le grain récolté, vous économiseriez environ 150 euros par hectare. Ce serait
autant de bénéfice en plus pour vous. Sur une centaine d’hectares, cela représente 15 000 euros. Je
ne crois pas qu’il y ait de désaccord sur ces chiffres.

Évidemment, ce n’est pas de gaîté de coeur que vous dépensez une somme aussi considérable - sans
doute votre premier poste de dépenses. Vous renouvelez chaque année vos semences auprès de
“semenciers” tels que Monsanto, DuPont (Pionner), Syngenta ou Bayer - tous fabricants
d’agrotoxiques - et de « coopératives » comme Limagrain, Euralis et autres. Ces « coopératives »
pratiquent en France les mêmes prix exorbitants que leurs concurrents agrotoxiques. En Amérique du
Nord, elles pratiquent - comme leurs concurrents - des prix trois fois moins cher, pour les mêmes «
variétés » ! Sans doute pour mieux servir vos intérêts dans la concurrence internationale.

Bref, vous renouvelez vos semences chaque année parce que vous n’avez pas le choix. C’est, vous a
expliqué le Généticien, à cause de la pingrerie de la Nature : il existe chez le maïs un phénomène,
« l’hétérosis », toujours inexpliqué et peut-être même inexplicable, dont les mystères
inaccessibles au commun des mortels et donc à vous même, ne peuvent être scrutés que par ce Docte.
Améliorer le maïs, vous a-t-on affirmé, exige de mettre en oeuvre ce phénomène mystérieux qui,
hélas, vous interdit de semer le grain récolté.

Vous avez donc cru cette fable que pour améliorer un organisme vivant, il faut l’empêcher de se
reproduire dans votre champ ! Je vous rassure : tout le monde le croit. J’y ai cru moi-même pendant
longtemps. Pour croire, il suffit de renoncer à comprendre par soi-même. Des décennies de
propagande scientifique ont imposé cette superstition. Pourtant, les paysans américains de la fin
des années 1930 avaient fait preuve de lucidité en surnommant “maïs-mule” ces “variétés hybrides”
révolutionnaires, qu’ils ne pouvaient ressemer à la différence des variétés cultivées jusque-là.
Mais leurs enfants agriculteurs, passés par les écoles d’agriculture, férus de progrès, éclairés
par les lumières de la Génétique, comme sans doute vous-même, ont rejeté comme obscurantiste le bon
sens biologique de leurs parents paysans.


Pourtant ! Qui peut-être assez crédule, à part le Généticien et autres scientifiques, enfermés dans
leur carcan disciplinaire et coupés de la vie pour croire cette énormité qu’améliorer un être
vivant exigerait, en quelque sorte, de le stériliser ? Et Terminator ne révèle-t-il pas avec éclat
que cette stérilité est l’objectif de tout sélectionneur/semencier ? Pour créer une nouvelle source
de profit, ne faut-il pas séparer ce que la Vie confond, la production réservée à l’agriculteur et
la reproduction confiée au semencier agrotoxique ?

Je fais l’hypothèse qu’un agriculteur moderne comme vous cherche à maximiser ses propres bénéfices.
Par contre, si ce sont ceux des marchands de semences, d’agrotoxiques ou des coopératives que vous
voulez maximiser à vos dépens, ce qui suit ne vous concerne pas.

Trois méthodes peuvent vous permettre de faire vos semences et d’améliorer vos marges.

Une remarque préalable : vous pouvez accepter une baisse de rendement d’au moins quinze quintaux/ha
si vous faites vos propres semences. Ces quinze quintaux supplémentaires que vous devez produire
pour payer les semences “hybrides” vous coûtent en réalité plus cher en irrigation, en engrais, en
agrotoxiques que ce qu’ils vous rapportent. Ils contribuent aussi au mauvais état de santé de vos
sols. Mais peu d’agriculteurs se rendent compte du coût de ces quintaux supplémentaires qu’il est
économiquement profitable de ne pas les produire.

La première consiste à faire des “hybrides doubles” - ce que les semenciers faisaient il y a une
vingtaine d’années. Vous prenez des “hybrides” de même précocité et de firmes différentes. Vous
semez dans un champ de “l’hybride A” des rangées des “hybrides” B, C, D. Vous castrez les rangées
B, C, D et vous les récoltez séparément. Elles fourniront la semence de l’année suivante. Vous
pouvez ainsi déterminer la meilleure combinaison (AxB, AxC, AxD, etc.) pour votre exploitation.

Une deuxième solution est de semer en mélange plusieurs “hybrides” de même précocité et de firmes
différentes pour faire une variété dite synthétique. Ensuite, pour faire vos semences, vous
sélectionnez chaque année dans la descendance de cette variété des épis moyens, sains, denses, sur
des plantes indemnes de maladies et bien enracinées. Cette solution a l’avantage de ne pas demander
de castration. La baisse de rendement sera sans doute supérieure à celle consistant à faire des
“hybrides doubles”. Mais encore une fois, même si vous perdez 15 quintaux/ha, vous êtes gagnant.

La troisième est tout simplement de trouver des variétés de maïs traditionnelles que vous pourrez
ressemer sans craindre de chute de rendement pour peu que vous fassiez un peu de sélection. Il
semble qu’il en existe qui ont un rendement excellent mais je ne sais pas si ces variétés sont
adaptées à votre région et votre exploitation. Plusieurs groupes de paysans travaillent déjà en
France à sélectionner de telles variétés.

Ces essais peuvent ou plutôt devraient être faits avec vos voisins de façon à partager vos
expériences. Ce renforcement des liens de voisinage, de coopération, de partage entre agriculteurs
est bien nécessaire au moment où la mondialisation menace d’ensevelir ce qui reste du monde rural
et où les relations humaines dans les campagnes se dégradent.
Savez-vous que Monsanto invite les
agriculteurs d’Amérique du Nord à dénoncer, anonymement bien entendu, leurs voisins “pirates” -
ceux qu’ils soupçonnent de cultiver des “variétés” transgéniques sans payer la redevance ?

Ne comptez évidemment pas sur les conseillers agricoles ni sur vos coopératives pour vous aider.
Ils sont là pour vous vendre des semences et des agrotoxiques, pas pour vous permettre de préserver
votre avenir.


Un dernier point : vous avez pu observer que j’ai mis ‘hybride’ et ‘variété hybride’ entre
guillemets. Le terme ‘variété’ dit bien ce qu’il veut dire : selon le dictionnaire, “le caractère
de ce qui est varié ; contraire de l’uniformité ; diversité”. Or ce que vous cultivez sous le nom
de “variété hybride” de maïs est constitué de plantes qui sont toutes les mêmes du point de vue
génétique. C’est donc précisément le contraire d’une variété ( !) et le terme qu’il faudrait
utiliser est celui de clone. Vous cultivez donc des clones.

Ces clones sont-ils “hybrides” ? L’adjectif “hybride” qualifie-t-il sans ambiguïté la plante de
maïs que vous semez ? Non, cette plante est tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Le sélectionneur a
simplement extrait des variétés cultivées par les paysans des plantes de maïs, dont il a fait des
copies (des clones) lorsqu’il tombait par hasard sur une plante supérieure à la moyenne des plantes
de la variété. Elle n’est donc ni plus ni moins “hybride” que n’importe quelle plante de maïs d’une
variété.

Le terme “variété hybride” est donc une double tromperie. Il faudrait parler de “clone captif” ou
“propriétaire” puisque, comme vous le savez, ces derniers appartiennent au sélectionneur et ne
peuvent se reproduire dans le champ du paysan. C’est l’intérêt des “semenciers” d’entretenir la
confusion en parlant de “variétés hybrides”. Avec la “vigueur hybride”, “l’hétérosis” et autres
falbalas soi-disant scientifiques, ils détournent votre attention de la réalité de ces clones
captifs dont ils vous vendent les semences cent fois plus cher que ce qu’elles coûteraient si vous
pouviez, comme vos parents, semer le grain récolté.

Et surtout, ne croyez pas une seule seconde que les “hybrides accroissent le rendement” et donc vos
bénéfices, comme on vous le répète. Non, les clones captifs accroissent les profits des semenciers
à vos dépens. C’est le travail de sélection qui permet d’accroître le rendement. On pouvait
améliorer le maïs en continuant à sélectionner des variétés, mais cela n’intéresse pas les
semenciers puisque l’agriculteur aurait pu en ressemer le grain.


En réalité, que se passe-t-il ? Si vous faites de la consanguinité chez les mammifères (des
organismes à fécondation croisée, qui ont donc un papa et une maman différents), vous savez qu’il
se produit une dépression consanguine. Un éleveur qui ferait de la consanguinité dans son troupeau
devrait rapidement le mettre à la casse. Eh bien ! Le maïs est comme un mammifère. C’est une plante
à fécondation croisée (une plante de maïs a, en général, un papa et une maman différents) et la
consanguinité se traduit par une baisse de la vigueur de la plante. Ceci avait été observé et
décrit par Darwin dès 1868.

Qu’a fait le sélectionneur au nom de cette théorie fumeuse de l’hétérosis inventée de toute pièce
par le Généticien ? Les variétés paysannes cultivées par vos parents étaient constituées de plantes
différentes. Ils pouvaient en ressemer le grain sans craindre la consanguinité. Ce que le
sélectionneur doit à tout prix empêcher. Il a donc extrait au hasard des clones des variétés
paysannes de maïs cultivées par vos parents. Comment ?

Il fait d’abord au hasard 6 générations d’autofécondation pour obtenir des « lignées pures ».
Croisées deux à deux, ces lignées pures donnent des plantes de maïs ordinaires dont la
caractéristique n’est pas d’être « hybride », mais de pouvoir être copiées (clonées) à volonté
puisqu’on en connaît les parents « lignées pures ». Le sélectionneur teste ces clones pour
sélectionner le meilleur et remplacer ces variétés. Il vous en vend les semences. Vous semez ces
clones dans vos champs. On vous serine les bobards du Généticien sur l’hétérosis. Vous les croyez.
Et pour faire bonne mesure, on vous fait admirer l’uniformité de ces clones dans vos champs si «
propres » grâce à l’atrazine et autres poisons. C’est beau, ces plantes uniformes, comme
militarisées, poussant dans un désert ! Finie, la diversité de la Nature !

Et vous avez été aveuglé au point de ne pas voir la réalité sous vos yeux : au moment de la
fécondation, les plantes du clone se fécondent bien les unes les autres, mais comme elles sont
génétiquement identiques ou presque, c’est comme si vous faisiez une autofécondation. Vos clones
merveilleux d’uniformité sont des machines à autoféconder le maïs, donc à le détruire. Vous ne
pouvez plus semer le grain récolté.

En résumé, le Généticien, le semencier et ses techniciens détournent votre attention à coups de
“vigueur hybride” et autres « hétérosis » pendant qu’ils mettent en oeuvre dans votre champ, à
votre insu et sous vos yeux admiratifs, une autofécondation, c’est-à-dire la forme la plus violente
de consanguinité (chez les mammifères, vous ne pouvez pas faire mieux (ou pire) que des croisements
père-fille, mère-fils ou frère-soeur). Vous détruisez votre maïs dans votre champ. Et en prime,
vous admirez la destruction dont vous êtes victime !

La sélection de variétés de maïs (le « maïs population ») permettrait pourtant d’aussi bons
résultats agronomiques sans vous obliger à racheter votre semence chaque année. Quant à la sésamie
ou à la pyrale, les bonnes pratiques agricoles (rotations, lutte biologique...) en viennent à bout
sans aller chercher des semences de clones transgéniques encore plus chères.

Qu’au nom de ce même Progrès, les fabricants d’agrotoxiques, les « coopératives », l’État, la
FNSEA, l’Inra vous poussent dans cette même voie ruineuse avec le maïs et les autres plantes
transgéniques ne devrait pas vous étonner. Ces chimères génétiques - les soi disant Ogm - ont cette
remarquable caractéristique d’être brevetées, ce qui met légalement fin à la pratique fondatrice de
l’agriculture, semer le grain récolté
.

Il est vrai que les êtres vivants commettent un crime intolérable, celui de se reproduire et de se
multiplier gratuitement dans le champ du paysan. Un crime que notre société punit par la mort. Ce
que font Terminator, le brevet, les “hybrides”, les Gurts et autres dispositifs de même type.

Plutôt que le héros du Progrès que vous croyez être, si vous en étiez le dindon ?

Avec mes salutations cordiales,

Jean-Pierre Berlan, Directeur de Recherche Inra.
jpe.berlan@wanadoo.fr...
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