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| [Biblio] Pétrole Apocalypse | |
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Cyrano Savoyârd téta-de-lârd
Nombre de messages : 2874 Age : 50 Vellâjo/Lieu : La Comba de Fellingy Lengoua : On ptiou mouél Date d'inscription : 15/11/2004
| Sujet: [Biblio] Pétrole Apocalypse Jeu 5 Jan 2006 - 15:12 | |
| "Pétrole Apocalypse", Yves Cochet, ed Fayard.
p. 147 "Chap. 6 : Une nouvelle vision de l'économie.
Faut-il revenir à l'inspiration des physiocrates français du XVIIIe siècle, pour lesquels l'énergie solaire et la photosynthèse, la terre et l'agriculture étaient les bases de toute richesse ? Oui. A l'inverse, la théorie économique néoclassique contemporaine masque sous une élégance mathématique son indifférence aux lois fondamentales de la biologie, de la chimie et de la physique, notamment celles de la thermodynamique. Bien que cette théorie soit hégémonique dans les enseignements scolaires et universitaires, il est stupéfiant de constater qu'elle ignore pratiquement les processus qui gouvernent la biosphère, les matières et l'énergie que nous extrayons du sous-sol, les déchets que nous rejetons dans les milieux, et l'environnement dans son ensemble. En outre, elle ne justifie pas ses propres fondements, à des fins idéologiques de promotion du libéralisme et de sélection sociale des plus aptes à manipuler les abstractions plutôt que dans le but de refléter une quelconque réalité."
p. 167 "La course aux armements, exemple paradigmatique de rendements décroissants, n'est pas simplement ruineuse par les destructions physiques réalisées en temps de guerre, elle l'est aussi par la captation d'une partie importante du PIB en temps de paix pour préparer la prochaine guerre ou maintenir la sécurité du pays. Il n'est que d'observer les budgets des ministères de la Défense pour s'en convaincre - notamment étasunien - pour s'en convaincre. Les pays européens ont cependant réussi, jusqu'à maintenant, à éviter le collapsus grâce à trois facteurs complémentaires : l'exploitation de leurs paysans et de leurs ressources naturelles (bois, charbon, fer); l'expansion coloniale et la spoliation des peuples indigènes; enfin l'accès aux hydrocarbures bon marché." | |
| | | Cyrano Savoyârd téta-de-lârd
Nombre de messages : 2874 Age : 50 Vellâjo/Lieu : La Comba de Fellingy Lengoua : On ptiou mouél Date d'inscription : 15/11/2004
| Sujet: Re: [Biblio] Pétrole Apocalypse Jeu 12 Jan 2006 - 12:07 | |
| p.205 "L'hyperbourgeoisie mondiale [1], qui fascine les classes moyennes européennes et américaines, a transformé le capitalisme industrieux de nos grands-parents en un modèle colonisateur des esprits par la promotion de valeurs prétentieuses : la férocité du marché et la philanthropie compassionnelle, l'individualisme consumériste et le déterminisme technologique, le libéralisme anti-étatique et l'arrogance élitiste [2]. Ces gens-là, nos héros, sont urbains et décontractés, chics et sophistiqués, ils sont distingués, brillants, "tendance". A l'inverse, les paysans et les villageois sont provinciaux et lourds, butors et indigènes, ce sont des péquenauds, des ploucs, des rustres. Tel est l'imaginaire collectif contemporain. A tort. Les agriculteurs sont aujourd'hui l'une des catégories les plus méprisées et les plus exploitées. Cet irrespect leur coûte cher en souffrance aujourd'hui, elle nous coûtera cher en souffrance demain." [1] Denis Duclos, "Naissance de l'hyperbourgeoisie", Le Monde diplomatique, août 1998, pp. 16-17. [2] Richard Barbrook et Andy Cameron, "The Californian Ideology", Hypermedia Research Center, University of Westminster, Londres, 1995. | |
| | | Cyrano Savoyârd téta-de-lârd
Nombre de messages : 2874 Age : 50 Vellâjo/Lieu : La Comba de Fellingy Lengoua : On ptiou mouél Date d'inscription : 15/11/2004
| Sujet: Re: [Biblio] Pétrole Apocalypse Jeu 12 Jan 2006 - 12:07 | |
| p.213 "L'exemple de Cuba
Bien que plus peuplée et plus vaste que nos régions françaises, l'île de Cuba et sa population peuvent nous fournir un exemple vécu de mise en œuvre des orientations précédentes. Comment le pays s'est-il organisé lorsque l'effondrement de l'empire soviétique, en 1990, l'a brutalement privé de ses importations de pétrole, lui imposant un Peak Oil artificiel et soudain ? (Avertissement : je ne suis pas communiste et je n'ai aucune complaisance à l'égard de la dictature castriste, mais Fidel Castro est le seul chef d'Etat à avoir annoncé clairement à son peuple que la déplétion des hydrocarbures arriverait, qu'il fallait s'y préparer et que les temps à venir seraient rudes.) [NdT: il a du rencontrer Rmyi lui...] Il y a vingt ans, les fermes d'Etat cubaines étaient fièrement décrites aux visiteurs comme les meilleures de toute l'Amérique latine en termes d'exploitation industrielle et de fertilisation chimique. Elles ressemblaient aux grandes exploitations de la Beauce ou de la Californie centrale, et produisaient plus de 80% des denrées agricoles de l'île. Depuis septembre 1993, elles se sont transformées en coopératives privées ou en fermes familiales, et les prix des denrées agricoles sont devenus libres. Surtout, l'agriculture biologique est aujourd'hui la norme, les bœufs ayant remplacé les tracteurs. La culture de vers de terre, le compostage des déchets organiques, la lutte biologique contre les parasites, la rotation des cultures et d'autres formes spécifiques d'agrobiologie tropicale ont été organisés par le gouvernement. Le bon niveau scientifique de Cuba a permis aux chercheurs et aux agriculteurs de mettre au point des "biopesticides" et des "biofertilisants" dans plus de 220 centres artisanaux de biotechnologie situés dans les coopératives agricoles. Les machines n'ont pas disparu, elles vieillissent et sont moins utilisées, faute de pétrole et de pièces de rechange. La population urbaine s'est aussi mise à l'agriculture. De petites fermes péri-urbaines et des jardins cultivés ont été crées ces dernières années. A la Havane même, plus de 8 000 jardins travaillés par 30 000 personnes ont été recensés, occupant 30% de la surface non bâtie de la ville. Après la pénurie de pétrole soviétique, le système de transport cubain s'est effondré. Le pays a rapidement importé 2 millions de bicyclettes chinoises. Aujourd'hui, moins d'un Cubain sur vingt possède une voiture, et l'essentiel de la mobilité s'effectue à pied, à vélo ou par les transports publics. "La nécessité est la mère de l'invention", aiment à dire les Cubains, qui bricolent toutes sortes de véhicules pour le transport de passagers : charrettes à baldaquin, pousse-pousse motorisés à deux places, attelages tirés par des chevaux, taxis collectifs, camions bâchés. Le "chameau" de la Havane est un énorme bus semi-remorque pouvant contenir trois cents passagers. Le covoiturage et l'autostop sont habituels. Les Cubains nomment "période spéciale" cette ère qui s'est ouverte il y a quinze ans marquée par une pénurie de pétrole. Il s'y est produit un retournement de l'ancien exode rural des fils et des filles d'agriculteurs vers la Havane. Aujourd'hui, faute d'alimentation importée d'Europe de l'Est, Cuba devient un pays de plus en plus agricole, décentralisé, rural. Les agriculteurs constituent le quart de la population active cubaine. La transition brutale en matière d'alimentation et de mobilité n'a pas été choisie par les Cubains, qui ont beaucoup souffert depuis quinze ans. Mais la population et les institutions ont réussi à organiser leur vie dans une certaine autosuffisance, forcée par le manque de pétrole et l'embargo américain. Il est possible de vivre avec un baril de pétrole par an et par personne, soit vingt-cinq fois moins qu'aux Etats-Unis, douze fois moins qu'en Europe. La planification nationale cubaine est parvenue à tirer le meilleur parti de ressources rares et à les redistribuer équitablement, notamment dans le domaine de la santé publique, où les médecins - 60% de femmes - maintiennent un niveau sanitaire élevé : l'espérance de vie est la même que celle des pays de l'OCDE, et la mortalité infantile est inférieure à celle des Etats-Unis. En l'absence de moyens médicamenteux massifs, la politique de santé est surtout préventive, passant par la promotion incessante d'une alimentation équilibrée, peu grasse, presque végétarienne. Le style de vie à l'extérieur est moins sédentaire que le nôtre, et il est devenu plus sain par la pratique de la marche et de la bicyclette. Cuba est aujourd'hui le pays où s'applique le mieux l'expression ambiguë de "développement durable", par nécessité historique douloureuse et non par choix politique volontariste." | |
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