Communication de M. Marc Bron :
Le franco-provençal : évolution et perspectives.
M. Marc Bron, après avoir défini une langue comme un moyen qui permet aux gens d’une région de" s’identifier et de se reconnaître, " indique les divers qualificatifs donnés à la langue parlée dans notre région : savoyard, savoisien, franco-provençal, alpitan ou arpitan. Il étudie ensuite la zone de diffusion du franco-provençal, son origine à partir du latin , sa séparation de l’occitan et sa formation sous l’influence burgonde au contact du français. Bien que la langue officielle fût le français pour les états de Savoie situées sur ce versant des Alpes, depuis le 15e siècle, de nombreux écrit en franco-provençal ont été retrouvés ( Nicolas Martin, Jean Musard), une grammaire et un dictionnaire ont été édités.
Evolution : Pour éviter de gêner l’apprentissage du français, facteur d’unité national, l’école de la République a favorisé l’abandon des patois. Il y a 30 ans, une réaction s’est produite pour sauver de l’oubli les langues régionales. Dans certaines régions, on a pu reprendre à l’école, l’apprentissage de ces langues ( Corse, Bretagne). En Savoie des actions ponctuelles comme des veillées, des pièces de théâtre, des billets dans les quotidiens ont été initiées. Puis des enseignants ont créé une association qui organisent chaque année un concours en patois. L’Etat a, en outre, fourni les outils législatifs pour autoriser l’apprentissage des langues régionales dans les établissements publics et selon la volonté locale, ces possibilités sont plus ou moins exploitées .
Perspectives : Le franco-provençal ne paraît pas bénéficier de la même attention des pouvoirs publics que les autres langues régionales. Pourtant l’intérêt touristique pourrait être pris en compte car il semble que la persistance d’une langue locale favorise le dépaysement recherché par les touristes. Il apparaît aussi que le bilinguisme favorise le développement des aires du langage et facilite l’apprentissage ultérieur d’une langue étrangère. L’utilisation dès le plus jeune âge, d’une langue régionale bien adaptée à l’environnement familier, pourrait être utile au développement de l’enfant. Enfin le maintien d’une identité régionale forte à base de bilinguisme pourrait lutter efficacement contre le nivellement lié à un modèle unique. Les enquêtes publiques semblent étayer cette vision qu’il faudra nuancer pour éviter tout repliement communautaire excessif dans un monde en perpétuel évolution. Comme les espèces en voie de disparition que l’homme tente de protéger pour conserver la biodiversité, ne faudrait-il pas faire de même avec les langues régionales, qui sont une base importante au maintien d’une diversité psycho-culturelle humaine!!!
http://www.academiesavoie.org/seances_2000_2005/bron_resume.htm